L’Ergothérapie, un atelier de création au Self-help bégaiement!

Parler sur paris en groupe du bégaiement en toute liberté

L’Ergothérapie, un atelier de création au Self-help bégaiement!

2 novembre 2011 Réunion bégaiement 0

 Lors de la réunion du mercredi  21 septembre 2011 au Self-help Paris, des exercices d’Ergothérapie ont été proposés par Bojan,  étudiant en dernière année d’Ergothérapie,  un Self-helpeur depuis juin !

Pour découvrir ses conclusions sur les résultats obtenus par les trois groupes de cinq personnes, cliquez sur  « Lire la suite »  en bleu plus bas  Sourire

Après une rapide présentation de l’ergothérapie ( Profession de santé qui évalue et traite les personnes afin de préserver et développer leur indépendance et leur autonomie), nous commençons l’atelier création autour du thème « bégaiement ».

Voici les raisons pour lesquelles je pense que l’ergothérapie peut apporter, être bénéfique aux personnes qui bégaient :

  • Travailler autour d’un objet, d’une création, nous permet de réfléchir autour d’un même thème qui nous concerne tous.
  • Créer, s’exprimer, autrement notre ressenti que par des mots.
  • Partager, échanger avec le reste du groupe.
  • Créer des liens.
  • Valoriser les participants.
  • Permettre aux personnes plus réservées, de s’exprimer plus facilement.
  • Faire évoluer notre réflexion sur le bégaiement au rythme de la création.

Etant donné le nombre assez important de participants et la présence de France 5, je décide de faire 3 groupes de 5 et lance l’atelier création.

Certains ont du mal à se lancer, d’autres non. Quelques critiques fusent aussi : « c’est enfantin ! », « génial, on va faire des cocottes en papier ! »,…

Inquiet déjà par la présence des journalistes, puis doublement inquiet car l’activité ne semble pas séduire tout le monde, je suis plutôt ravi du résultat final des 3 groupes :

  • Le 1er groupe a réalisé un masque à 2 faces. La 1ère que tout le monde voit représente une personne souriante, joyeuse, une image que les bègues donnent à voir. La 2ème est à l’opposé. Elle représente la tristesse, la colère, ce que les bègues ressentent et ne donnent pas toujours à voir. Je note donc une réflexion sur l’ambivalence des personnes qui bégaient : Joie extérieure/Tristesse intérieure, Sourire extérieur/Colère intérieure.
  • Le 2ème groupe a eu du mal à se lancer et à commencer par trouver la création infantilisante. Mais le résultat final et l’explication de l’objet créé est plus qu’intéressante : Une partie de l’objet représente le bonheur, la tranquillité et est représentée par un cheval. L’autre partie représente le mal, symbolisé par un serpent noué, signe du démon. Cette partie fait bien sûr illusion au bégaiement. Le nœud sur le serpent représente la parole qui se bloque, qui ne sort pas. Et les ondulations du serpent représente le bégaiement qui ne disparait jamais définitivement, qui s’en va et qui revient (dédicace à Claude François !).  Je note la aussi une opposition entre le bien et le mal, le cheval et le serpent. Le bègue serait donc ces deux choses à la fois (Le Yin et le Yang).
  • Le 3ème groupe a créé un tunnel avec au départ, à l’entrée, le bégaiement puis tout au long du tunnel les péripéties de la vie et à l’arrivée, à la sortie, la fluidité verbale ou l’acceptation du bégaiement, la confiance en soi. Là aussi on peut noter une opposition entre le début et la fin du bégaiement : je bégaie/je ne bégaie plus, je bégaie/j’accepte mon handicap, j’ai confiance en moi, j’ai l’espoir.
  • En regardant de plus près, on remarque que les 3 groupes sont partis sur une même idée : l’opposition, l’ambivalence du bègue. L’opposition est présente à chaque fois : le 1er groupe oppose ce que le bègue donne à voir et ce qu’il est vraiment. Le 2ème groupe oppose le bien, la parole fluide et le mal, le bégaiement. Le 3ème groupe oppose le bégaiement du départ et la parole fluide, l’acceptation du handicap, la confiance en soi à l’arrivée.

« OPPOSITION »

Je me pose une question que je souhaite faire partager : plutôt que de parler d’opposition, ne serait-ce pas un conflit interne qui ronge les bègues entre ce qu’ils sont, ce qu’ils voudraient être et le bégaiement qui les empêche de s’exprimer pleinement ?  C’est en tout cas la question qui me vient en analysant ces 3 objets.

 

Lorsque j’ai demandé ce que vous vouliez faire de votre objet créé, personne ne m’a clairement dit qu’il souhaitait le jeter à la poubelle, le garder, le donner ou autre… Et quel soulagement j’ai pu lire sur vos visages quand je me suis proposé de les garder. Je suis étonné, je me demande surtout pourquoi personne n’a clairement voulu jeter son objet qui est quand même censé représenter le bégaiement. En livrant ça, je crains maintenant qu’ils souhaitent tous jeter leur objet la prochaine fois ! Mais peut être qu’inconsciemment on a appris à vivre avec notre bégaiement et que de s’en séparer n’est finalement pas si facile, si désiré que ça en à l’air. Je rigole tout seul en écrivant cela car je ne suis pas du tout convaincu par ce que je viens de dire main bon, peut être ?

 

Pour finir, certaines personnes n’ont vu que l’aspect pratique de l’atelier création : découpage, collage, coloriage,… Mais étant le point de vue extérieur de l’activité, je pense que sans s’en rendre compte, elles ont rempli les objectifs cités précédemment. J’espère donc leur ôter l’image négative, infantile qu’elles ont de l’ergothérapie et leur montrer les bienfaits que ça pourraient amener.

 

Bojan