Sur France 2 « Au Grand Oral », j’ai osé donner un grand coup à mon bégaiement.

Parler en groupe du bégaiement et en toute liberté sur Paris

Sur France 2 « Au Grand Oral », j’ai osé donner un grand coup à mon bégaiement.

8 mars 2020 Différents Auteurs 0
Le mardi 4 février 2020, sur France 2 dans l’émission « Le Grand Oral », j’ai osé parler de mon handicap sur le ton de l’humour devant un jury composé de personnalités reconnues.
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Après avoir atteint la finale du tournoi « l’Éloquence du Bégaiement », j’ai tenté ma chance au concours d’éloquence organisé par France 2.
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Amateur de théâtre, que je pratique depuis l’âge de 10 ans ces concours sont un véritable défi car je dois parler de moi, ainsi que de toutes les brimades et difficultés que j’ai rencontrées très jeune.
 
En CP, j’étais la tête de turc de mon institutrice. Selon elle, je bégayais pour qu’on s’intéresse à moi et pour embêter mes parents. Celle qui était censée faire régner l’ordre ne me respectait pas, les élèves trouvaient ça naturel de me brimer. En sport, j’étais le dernier qu’on choisissait pour composer les équipes, celui sur lequel on s’acharnait car j’étais différent et trop gentil. Dès que je n’arrivais pas à parler, je me tapais avant de pleurer. Les souvenirs heureux de cette époque, je les compte sur les doigts d’une main.
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Mes seuls moments de répit étaient lorsque je lisais à haute voix ou lorsque je chantais. J’ai redoublé mon CP, avec une autre institutrice, et je suis passé subitement de cancre à bon élève.
 
C’est au collège que j’ai débuté le théâtre amateur, sur les conseils de la mère d’un ami. Au départ, je pensais que ce n’était pas fait pour moi. J’arrivais à jouer mon texte sans bégayer et à faire rire une salle entière et, pour une fois, ce n’était pas à mes dépends. Après cette expérience, les enfants se sont comportés différemment. J’étais devenu quelqu’un de respectable, et ça m’a donné envie de recommencer.
 
Dopé par cette prise de confiance, j’ai pris mon handicap à bras le corps et je me suis tourné vers l’Association Parole Bégaiement pour trouver des orthophonistes spécialisées et j’ai participé au groupe bégaiement du Self-help Paris. Je refusais l’idée de bégayer toute ma vie. Les orthophonistes m’ont appris à maintenir le regard avec mon interlocuteur, à allonger les syllabes, à faire des pauses et à prendre le temps de respirer. A force de séances et de stages intensifs, j’ai fini par dompter mon bégaiement et à l’accepter quand il survient.
 
Aujourd’hui, j’ose parler à des inconnus alors que je redoutais tout contact auparavant, je fuyais les gens que je connaissais dans la rue. C’est mon orthophoniste qui m’a soufflé l’idée des concours d’éloquence.
 
En 2019, j’ai participé au premier, réservé aux personnes bègues. Plus qu’une compétition, c’est avant tout une expérience collective entre personnes qui se comprennent. Avant le JourJ, une série de master class est organisée avec des professionnels de l’éloquence (comédiens, avocats, orthophonistes…) pour apprendre à se tenir face au public, camper son dos, projeter sa voix, écrire son discours.
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En quart de finale, j’étais accroché à mon texte et m’excusais systématiquement de bégayer. Puis j’ai intégré les conseils des intervenants et des autres candidats et ai pris un plaisir fou, en demi-finale, à prononcer des mots que j’avais écrits, réécrits, et répétés durant des heures... Un bonheur contagieux qui m’a mené jusqu’en finale, où j’ai obtenu le prix de l’audace pour avoir osé interpeller le jury. Mais ma meilleure récompense est d’avoir trouvé là un soutien, une famille. Autrefois redoutée, la prise de parole en public m’est devenue vitale.
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Après quelques hésitations, j’ai envoyé ma candidature aux organisateurs du « Grand Oral », où j’ai été finalement retenu. J’ai pensé qu’on ne me répondrait pas, puis j’ai été sélectionné, et j’en suis fier. Entraîné et motivé par mon orthophoniste, j’ai appris mes textes, les ai répétés sans cesse et tenté de faire ressentir chaque émotion derrière chaque mot. Le grand jour arrivé, et malgré le stress, je suis lancé et j’ai prononcé mon discours.
 
Le bégaiement s’entendait beaucoup au début, puis en tournant sur cette scène ronde et en regardant les yeux du public, j’ai réussi progressivement à me détendre, à profiter de l’adrénaline positive, à prendre mon pied. La seconde partie est comme une libération. Sentir que je faisais rire positivement et non à mes dépens m’a fait un bien fou.
 
Bien que j’ai été éliminé dès le premier tour, je pense avoir marqué les esprits et changer les mentalités. Laurent Ruquier a d’ailleurs dit, après mon passage, qu’auparavant on se moquait des bègues à la TV. Mais maintenant, ça serait impossible. De par ma prise de parole, j’ai partagé mon expérience et fait passer un message fort pour tous ceux qui partagent son handicap. La parole est libératoire.
 
Je participe cette année à l’organisation de la seconde édition de l’Eloquence du bégaiement qui se tient du 22 février au 4 avril 2020. J’aimerais par la suite me rendre dans les écoles, collèges et lycées pour partager mon parcours et sensibiliser les jeunes à la lutte contre le harcèlement scolaire et au bégaiement.
 
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Enfant, je rêvais de passer à la télévision. J’ai trouvé l’énergie nécessaire pour m’extirper de la case du bègue introverti qui m’était destinée.
 
Aux jeunes bègues et à tous les autres, je voudrais dire que dans la vie rien n’est jamais écrit d’avance, qu’il faut croire en ses rêves et continuer de regarder le monde avec des yeux d’enfants.