Théâtre du groupe bégaiement self-help Paris, dans le cadre du Colloque international de l’Association Parole-Bégaiement, Paris, 02 avril 2016

Parler sur paris en groupe du bégaiement en toute liberté

Théâtre du groupe bégaiement self-help Paris, dans le cadre du Colloque international de l’Association Parole-Bégaiement, Paris, 02 avril 2016

14 septembre 2016 Différents Auteurs 0
Bien contente d’avoir brûlé les planches de l’Espace Reuilly, théâtre bien connu de Paris 12e (mais non, c’est un espace de congrès !). Et pour la deuxième fois en plus, comme lors de chacun

 des colloques biennaux de l’Association parole bégaiement (APB), a été donnée aux membres du self-help parisien la possibilité – et la chance – de jouer un petit spectacle de notre choix. Merci à eux d’avoir organisé cette journée. Ce n’est pas tous les jours qu’on a carte blanche pour raconter ce qui nous passe par la tête devant un public de 400 personnes… Spectateurs tous acquis à la cause, qui n’iront pas exiger le remboursement de leur place en cas de bégaiement de force majeure sur scène, et il est fortement recommandé de plaisanter de la chose, on a assez pleuré comme ça. En tout cas, on a bien ri nous autres acteurs autoproclamés du self help (surtout après, quand le stress était retombé, car pas une mince affaire que de jouer et de produire sur scène, quand on est bègue et pas comédien ni amateur ni professionnel)…

 

Le thème du colloque était : « Bégaiement et « selfie », se voir comme un autre« . Il donna lieu à une douzaine d’interventions : points sur les avancées scientifiques par des thérapeutes (je préviens tout de suite que notre spectacle ne donnait pas dans ce genre là) et beaucoup de vidéos formidables : témoignages de « personnes qui bégayent » (mieux que « bègues »), patients suivis ou non, parlant d’eux mêmes face caméra. Certains filmés 7 ans après une première captation, effet de passage du temps très instructif, et émouvant aussi, quand la vie n’est pas tendre. Tout ça donnant des « selfies » filmés justes, sensibles et souvent drôles.

 

L’assemblée était composée en majeure partie d’orthophonistes ou élèves-orthophonistes, public plutôt féminin de futur(e)s thérapeutes du bégaiement, venus en apprendre plus sur ce sujet toujours un peu tabou, dans le cadre de leur cursus universitaire. Se trouvait également dans la salle un pourcentage non négligeable de personnes bègues. Mention spéciale au drôlissime William Chiflet, qui est devenu à la suite de son récit Sois bègue et tais toi le porte-parole dans les médias de la cause du bégaiement. 

 

Notre passage était prévu en fin de matinée, juste avant la pause déjeûner. Notre entrée en matière d’apéro fut une petite pièce de 30 minutes, co-écrite entre amis bègues et membres du self-help. Ce petit spectacle fut une farce à connotation fantastique, tenue donc dans le cadre bien plus sérieux du colloque. 

Après de trop rapides mois de brainstorming pour élaborer une pièce jouable à plusieurs, et des répétitions un peu rares face à l’ampleur du défi, je trouve que nous nous en sommes bien sortis, début avril à l’espace Reuilly. Applaudissements, rires du public, devant notre petite pièce, dont le titre (trouvé bien avant son écriture même !) est resté : « Selfie, ouvre-toi ! »

 

Texte co-écrit et interprété par 5 membres du self-help parisien, dont Bibi, 

–     Sophie Schmitt, la sévère presque homonyme Selfie Stick. Orthophoniste détentrice d’une méthode musclée, et ne ressentant qu’une empathie très modérée envers ses patients. Elle donne des cours d’éloquence et a pour victime préférée la plus ancienne de ses patients,

–     Mlle Norma Leblanc, jouée par Martine Letourneur, ex Mme de la Causette.

–     Alain Paute, notre animateur en chef et responsable du SH Paris, jouait le rôle d’Alain Deloin, à la fois « un de ces dysorthophonistes, c’est le mot à la mode, qui voudraient laisser les bègues bégayer à leur aise » et un explorateur revenant de très loin, à la recherche de nouvelles espèces de bègues, du type joyeux et heureux de bégayer, si si, ça se trouve :

–    Gulnur Baïdolda,  self-helpeuse originaire d’Azerbaïdjan, qui interprète la fée Gulnur Bohneur, aux carillons zens faisant presque autant d’effet que :

 –       Bégamix, jouée par Isabelle Pinot, impressionnante de drôlerie sous sa cape bleue de super héroïne, tenant fermement son chaudron de potion magique à la maison (pour que tout le monde il ait le droit de bégayer, non mais !)

        Pierre-Henri de la Voix Lactée, autrement dit Snob Bègue Millionnaire, joué par Jonathan Michel en jeune dandy se forçant à bégayer, car c’est tellement smart, « thanks the stuttering !). Et entre nous, Jonathan qui prépare une thèse de sociologie sur le bégaiement, n’est pas bègue du tout !

 

Alors, bègues, gaiement ! Et vive le théâtre, en tout cas, la joie de se retrouver sur scène, sacré défi pour des gens bègues plus enclins à cacher leur bégaiement, ou en tout cas le masquer, qu’en faire le sujet d’une représentation publique…

 On dirait que le public, en majorité, a apprécié, applaudi, et même ri. Trouvé même quelque profondeur à nos propos iconoclastes. Repris en chœur nos chansons. Car eu l’idée de ponctuer la « pièce » de courts extraits remaniés de chansons connues, pour suspendre le cours de celle-ci, sur les airs de « Ca c’est vraiment toi » de Téléphone (notre objet abhorré) ou « Désir désir » de Laurent Voulzy. Même « Vous les femmes » de Julio Iglesias un peu massacré à la fin ! 

 

« L’important, c’est s’ouvrir,

Le bonheur ressentir,

Pour qu’la vie puisse s’ouvrir

Oooh oooh !

Norma à droit au plaisir ! » (sur l’air de « Désir, désir »)

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